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Interdiction d’implantation des lieux de culte au Togo : le CO.CA.C.E.E s’insurge

Ne pouvant pas rester indifférent à la menace qui plane sur l’exercice de la liberté de culte au Togo, après la note administrative du ministre aux préfets et aux maires, le Conseil des Cadres Chrétiens Evangéliques Engagés (CO.CA.CEE), une association chrétienne dont l’un des objectifs est de contribuer à bâtir une nation juste et équitable au TOGO, a réagi par un communiqué de presse le 16 juin dernier.

Le COCACEE est en effet, l’une des rares associations chrétiennes à exprimer clairement leur préoccupation face à la lettre du ministre de l’administration territoriale datée du 10 juin 2022, invitant les préfets et les maires à « interdire toute nouvelle implantation des lieux de culte ». On note que cette lettre vient appuyer celle du Directeur des cultes la veille à l’endroit des responsables religieux, sur la question des nuisances sonores venant des lieux de culte ; et dont se plaindraient les citoyens.

Pour le ministre, la solution serait l’interdiction pure et simple de nouvelles implantations de lieux de culte. Sur cette problématique de la nuisance sonore, le COCACEE « partage les préoccupations de la Direction des cultes et exhorte les responsables et leaders religieux à collaborer avec diligence. » Par ailleurs, les cadres chrétiens ont tenu à rappeler que les nuisances sonores ne sont pas l’apanage des lieux de culte.

Pour l’association, en donnant l’ordre aux préfets et aux maires d’interdire les nouvelles implantations des lieux de culte sur fond de nuisance sonore, le ministère de l’administration territoriale a outrepassé les prérogatives qui sont les siennes dans l’exercice de sa fonction, celle de ministre des cultes.

Dans le communiqué de presse du COCACEE, on peut lire : « cette décision souffre d’un défaut de base juridique. » Il précise que « la liberté religieuse qui implique la liberté d’organisation et d’exercice des activités religieuses est un droit fondamental consacré par la constitution du Togo en son article 25, alinéas 3 et 4 et en ce sens, aucune note administrative ne peut la remettre en cause. »

Ainsi, en tant que telle, une note administrative portant atteinte à l’exercice de cette liberté est anticonstitutionnelle comme le laisse entendre ce communiqué de presse. En clair, une norme constitutionnelle ne peut être modifiée par une « simple » note administrative, pas même par un décret présidentiel, quelle que soit les « bonnes » motivations de celui-ci.

Dans une autre perspective, l’église en particulier dans sa mission, ne peut se limiter à aller évangéliser et « sauver des âmes », a indiqué le COCACEE. Car selon l’association, « pour la foi chrétienne, l’implantation de nouvelles églises (assemblée des croyants) est le fruit de campagnes d’évangélisations ou d’extension d’une église mère ». À cet égard, « il est donc inconcevable de limiter l’Eglise dans ses activités missionnaires » ajoutent les responsables de l’association.

Qui plus est, interdire de nouvelles implantations d’église serait irrecevable pour les églises légalement constituées et reconnues par le ministère de tutelle, dans leur volonté d’apporter l’évangile aux nouveaux membres dans d’autres localités. Ces églises ne peuvent donc être empêchées d’implanter de nouvelles paroisses là où le besoin se fait sentir.

C’est dans cette optique que le COCACEE voit en cette note du ministre, une volonté de contenir la propagation de l’évangile dans la mesure où pour une assemblée de chrétiens, l’évangélisation est une obligation ; et donc l’interdire, est une entrave au libre exercice de la foi.

D’où le COCACEE ne s’interdit pas de considérer que l’ordre venant du ministère des cultes « est une atteinte grave à la liberté religieuse au Togo, en ce sens qu’elle limite la libre expression de la foi consacrée par la constitution togolaise ». Les responsables de l’association exhortent à cet effet, le ministère de l’administration territoriale « à reconsidérer sa correspondance sur la question des nouvelles implantations de lieux de cultes au Togo. »

Pour conclure, le COCACEE rappelle que « l’Église ne peut pas désobéir à l’ordre divin et suivre une injonction humaine sur sa mission première. »

La rédaction

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